la raison de ne rebuter la piété de personne par le dégoût d’un mauvais style, et principalement de ne pas mettre entre les mains de la jeunesse des livres qui puissent lui apprendre à parler mal français, aura toujours son poids et son autorité. Quoi qu’il en soit, on était dans la nécessité ou de laisser périr cet excellent livre, ou de l’accommoder aux usages présens de la langue, pour condescendre à la délicatesse du siècle, et ne laisser aucune excuse à son indévotion.
Hé ! pourquoi souffrir patiemment que cet admirable ouvrage nous devienne inutile ? Pourquoi nous priver d’un bien que la divine Providence nous a youlu rendre propre ? Pourquoi les nations étrangères, riches de notre bien, par la traduction de ce saint livre en leurs langues, nous reprocheraient-elles notre négligence à le faire valoir pour nous-mêmes ? Pourquoi la piété recevrait-elle avec plaisir tant de traductions des livres étrangers, renouvelées et retouchées à proportion des changemens considérables de notre langue, et n’oserait-on toucher à celui-ci ?
L’on dira peut-être que le respect qu’on doit à l’ouvrage d’un Saint demande qu’on n’y touche pas plus qu’à ses reliques ; mais je réponds à cela : le respect infini qu’on doit à la sainte Écriture empêche-t-il qu’on ne la donne en français aux fidèles, pour s’en édifier, et qu’on n’en renouvelle les anciennes traductions ? Péchera-t-on plus contre la vénération due à saint François