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CHAPITRE VIII.

Avis très-utiles sur la pratique de la Méditation.


IL faut, Philothée, que durant le jour vous teniez vos bonnes résolutions si présentes à votre esprit et à votre cœur, que vous ne manquiez pas de les pratiquer dans l’occasion ; car c’est là le fruit de l’oraison mentale, et sans cela, non-seulement elle ne sert de rien, mais souvent elle nuit beaucoup. Il est vrai, la fréquente méditation des vertus, sans la pratique, nous enfle l’esprit et le cœur, et nous fait croire insensiblement que nous sommes tels que nous avons résolu d’être. Certainement cela seroit ainsi si nos résolutions avoient de la force et de la solidité ; mais, parce qu’elles en manquent, elles sont toujours vaines ; et parce qu’elles sont sans effet, elles sont toujours dangereuses. Il faut donc tâcher par toutes sortes de moyens de les mettre en pratique ; l’on doit même en chercher les occasions, et les petites aussi-bien que les grandes : par exemple, si j’ai résolu de gagner, par douceur, l’esprit des personnes qui m’offensent, je les chercherai ce jour-là pour les saluer d’un certain air d’estime et d’amitié ; et si je ne puis pas les rencontrer, du moins j’en parlerai avantageusement, et je prierai Dieu pour elles.

Mais, en sortant de l’oraison, prenez garde