Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/182

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ce mauvais traitement de la part des gens de bien, de ses amis, ou de ses parens, c’est une patience héroïque. C’est pourquoi j’estime plus le bienheureux Cardinal Borromée d’avoir souffert en silence, avec douceur et long-temps les invectives publiques, qu’un célèbre Prédicateur d’un Ordre extrêmement réformé faisoit contre lui en chaire, que d’avoir soutenu ouvertement les insultes de beaucoup de libertins ; car, comme les piqûres des abeilles sont plus cuisantes que celles des mouches, ainsi les contradictions que l’on reçoit des gens de bien, sont plus sensibles que celles qui viennent des partisans du vice ; et cependant il arrive souvent que deux hommes de bien, tous deux bien intentionnés dans la diversité de leurs opinions, se font beaucoup de peine l’un à l’autre.

Ayez de la patience, non-seulement pour le mal même que vous souffrez, mais encore pour toutes ses circonstances et ses suites. Plusieurs, s’y trompent, qui semblent soupirer après les afflictions, et qui refusent cependant d’en souffrir les incommodités inséparables. Je ne m’affligerois pas, dit l’un, d’être devenu pauvre, si ce n’étoit que la pauvreté m’empêche de servir mes amis, d’élever mes enfans, et de vivre avec un peu d’honneur ; et moi, dira l’autre, je m’en inquiéterois fort peu, si je ne voyois que l’on impute mon malheur à non imprudence ; et moi, dira encore un autre,