chercherai la guérison, mais sans oublier l’abjection qui m’en est revenue ; si j’ai fait une faute qui n’offense personne, je ne m’en excuserai pas, parce qu’encore que ce soit un défaut, il n’a pas d’autres suites que le mépris qu’on a fait de moi, et que je ne m’en excuserois que pour me décharger de l’abjection qu’il m’a attirée, et c’est ce que l’humilité ne peut absolument permettre ; mais si j’ai offensé ou scandalisé quelqu’un, soit par mégarde, soit par une mauvaise humeur, je réparerai ma faute par une sincère excuse, parce que le mal que j’ai fait subsiste encore, et que la charité m’oblige à le détruire de mon mieux. Au reste, il arrive quelquefois que notre prochain étant intéressé à notre réputation, la charité demande que nous tâchions d’éloigner l’abjection autant que nous pouvons ; mais en la détruisant ainsi aux yeux du monde pour éviter le scandale, nous la devons conserver chèrement dans notre cœur, afin qu’il s’en édifie.
Si après cela, Philothée, vous voulez savoir quelles sont les meilleures abjections, je vous dirai que les plus salutaires à l’âme et les plus agréables à Dieu, sont celles qui nous viennent fortuitement, ou qui sont attachées à notre état, parce qu’elles ne sont pas de notre choix, mais de celui de Dieu, qui sait mieux ce qu’il nous faut que nous-mêmes. S’il falloit en choisir quelques-unes, les plus grandes seroient