Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/210

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nous détruisons notre réputation, il sera difficile de la rétablir, parce qu’elle aura été détruite jusqu’au fondement, qui est cette probité de meurs, laquelle, tandis qu’elle subsiste en nous, peut toujours nous rendre l’honneur que la médisance nous auroit ravi. Il faut quitter cette vaine conversation, cette société inutile, cette amitié frivole, cet amusement de plaisir, si la réputation en reçoit quelque atteinte ; puisqu’elle vaut mieux que toutes ces satisfactions humaines : mais si pour les exercices de piété, pour l’avancement en la vie spirituelle, pour l’application à mériter les biens éternels, le monde murmure et gronde, ou éclate même en médisance et en calomnies, il faut laisser, comme l’on dit, aboyer les matins contre la lune : le rasoir de la médisance servira à notre honneur, comme la serpe à la vigne que l’on taille, et qui en porte plus de raisins.

Ayons toujours les yeux attachés sur Jésus crucifié ; marchons dans ses voies avec confiance et simplicité, mais aussi avec prudence et discrétion : il sera le protecteur de notre réputation ; et s’il permet qu’elle soit flétrie, ou que nous la perdions, ce ne sera que pour nous rendre plus d’honneur, même aux yeux des hommes, ou pour nous perfectionner dans la sainte humilité, dont je puis vous dire familièrement, qu’une seule once vaut mieux que mille livres d’honneur. Si l’on