Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/217

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veux dire, qu’il faut invoquer le secours de Dieu, aussitôt que nous nous sentons émus, en imitant ce que firent les Apôtres au milieu de la tempête. Il commandera indubitablement à notre passion de se calmer, et il rendra la tranquillité à notre âme ; mais je vous avertis encore, qu’il faut faire cette prière avec une attention douce, et non pas avec un violent effort d’esprit : et enfin c’est la maxime qu’on doit observer dans tous les remèdes dont on peut user contre ce mal.

Dès-lors que vous vous apercevrez d’une faute que la colère vous aura fait commettre, réparez-la promptement par quelque acte de douceur envers la personne à qui vous avez fait sentir votre passion ; car, si c’est une précaution salutaire contre le mensonge que de le rétracter sur-le-champ, c’est un souverain remède contre la colère, que de la réprimer aussitôt par un acte contraire de douceur : les plaies récentes sont, comme l’on dit, plus aisées à guérir que celles qui sont invétérées,

Au reste, lorsque vous êtes bien tranquille, et que vous n’avez aucun sujet de colère, faites un grand fonds de douceur et de débonnaireté, vous accoutumant à parler et à agir en cet esprit, dans les plus petites occasions comme dans les plus grandes, Souvenez-vous que l’Épouse des Cantiques n’a pas seulement le miel sur les lèvres et au bout de sa langue, mais encore