Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/255

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mauvaise amitié, qui est fondée sur la communication des biens faux et favorables au vice.

La communication des voluptés naturelles n’étant qu’une proposition sympathique et toute animale des deux sexes, elle ne peut non plus fonder une amitié dans la société humaine qu’entre les bêtes ; et s’il n’y avoit rien de plus dans l’état du mariage, il n’y auroit nulle amitié ; mais parce qu’il s’y trouve une parfaite communication de vie et de bien, d’affection et de secours réciproques, et surtout d’une fidélité dont les liens sont indissolubles, il s’y trouve aussi une véritable et sainte amitié.

Celle qui est établie sur la communication des plaisirs sensuels, ou de certaines perfections vaines et frivoles, est encore si grossière, qu’elle ne mérite pas le nom d’amitié : j’appelle plaisirs sensuels, ceux qui sont immédiatement et principalement attachés aux sens extérieurs, comme le plaisir naturel de voir une belle personne, d’entendre une douce voix, d’avoir une conversation tendre, et tout autre plaisir sensuel ; j’appelle perfections vaines et frivoles, certaines habiletés ou qualités, soit naturelles, soit acquises, que les foibles esprits prennent pour de grandes perfections. En effet, combien de filles, de femmes, des jeunes gens diroient sérieusement ; en vérité, Monsieur, un tel a