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Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/277

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tions, comme ceux qui travaillent sur le Tage y séparent l’or du sable. Saint Grégoire de Nazianze rapporte que plusieurs amis de saint Basile se firent ses admirateurs, jusqu’à l’imiter dans ses défauts naturels et extérieurs, comme dans sa lenteur à parler, dans son air rêveur et abstrait, dans sa manière de marcher et même en celle de porter la barbe ; et nous voyons des maris, des femmes, des amis, prendre ainsi les imperfections les uns des autres, et les enfans celles de leurs pères et mères, par une certaine imitation imperceptible, que l’estime ou la complaisance inspire et conduit. Or, chacun a bien assez de ses mauvaises inclinations, sans se charger de celles des autres ; et non-seulement l’amitié n’exige rien de semblable, mais au contraire elle veut que nous nous aidions réciproquement à nous défaire de nos défauts. L’on doit assurément supporter avec douceur les imperfections de son ami, mais il ne faut pas l’y entretenir par flatterie, bien moins les laisser passer jusqu’à nous par complaisance.

Je ne parle que des imperfections ; car à l’égard des péchés, l’on ne doit pas même les supporter dans un ami ; c’est une amitié ou foible ou méchante, que de le voir périr sans le secourir, et de n’oser lui donner un avis un peu sensible pour le sauver. La véritable amitié ne peut subsister dans le péché, parce qu’il la