Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/298

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beaucoup, et se sert toujours secrètement de ces méchantes paroles, pour en faire entrer le sentiment dans le cœur de quelques personnes.

L’on dit que ceux qui ont mangé de la racine qu’on appelle Angélique, ont toujours l’haleine douce et agréable ; et ceux qui ont bien dans le cœur l’amour de la chasteté, par laquelle on devient des Anges sur la terre, n’ont jamais que des paroles chastes, honnêtes et respectueuses, Pour ce qui est de tout ce qui porte quelque indécence et malhonnêteté, l’Apôtre ne veut pas même en souffrir le nom dans nos entretiens, nous assurant que rien ne corrompt davantage les bonnes mœurs que les mauvais discours. Si l’on parle malhonnêtement en mots couverts, et de ces manières tournées par une méchante subtilité d’esprit, le poison que portent ces paroles n’en sera aussi que plus subtil et plus pénétrant ; car elles sont semblables aux dards, qui sont plus à craindre quand ils sont d’une trempe plus fine, et qu’ils ont la pointe plus aiguisée. En vérité, celui qui pense mériter le nom et l’estime de galant homme par de telles paroles, ignore bien la fin de la conversation : et ne peut-on pas comparer les compagnies ou elles sont bien reçues, à un amas de guêpes attachées à quelque pourriture ; comme l’on doit comparer une société honnête en tous ses discours à un essaim d’abeilles qui tra-