Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/31

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Les Officiers de Saül étant allés chez David avec ordre de l’arrêter, Micol, son épouse, les amusa pour leur cacher sa fuite : elle fit mettre dans un lit une statue qu’elle fit couvrir des habits de David, avec quelques peaux autour de la tête ; puis elle leur dit qu’il étoit malade, et qu’il dormoit. Voilà l’erreur de beaucoup de gens qui se couvrent de l’extérieur et de l’apparence de la sainte dévotion, et que l’on prend pour des hommes fort spirituels ; mais au fond, ce ne sont que des fantômes de piété.

La vraie dévotion, Philothée, présupposé l’amour de Dieu ; et pour parler plus juste, elle est elle-même le parfait amour de Dieu : cet amour s’appelle Grâce, parce qu’il est l’ornement de notre âme, et en fait une belle âme aux yeux de Dieu. Quand il nous donne la force de faire le bien, il s’appelle Charité ; et quand il nous fait opérer le bien avec soin, avec promptitude et fréquemment, il s’appelle Dévotion, et il a toute sa perfection. J’explique ceci par une comparaison fort simple, mais bien naturelle : les autruches ont des ailes, et ne s’élèvent jamais au-dessus de la terre ; les poules volent, mais pesamment, rarement et fort bas ; le vol des aigles, des colombes et des hirondelles est vif et élevé, presque continuel : ainsi les pécheurs ne sont que des hommes de terre ; et rampent toujours sur la terre ; les justes qui sont encore imparfaits, s’élèvent vers le