c’est dit-elle encore, une chose blâmable devant Dieu.
Philothée, soyez équitable et juste en toute votre conduite : mettez-vous toujours en la place du prochain, et le mettez en la vôtre, et vous jugerez équitablement ; prenez la place du vendeur en achetant, et de l’acheteur en vendant, et votre commerce sera de bonne foi.
Toutes ces injustices que je vous ai marquées en particulier sont petites, et ne nous obligent pas à restitution, parce qu’on suppose que nous nous y tenons seulement dans les termes de la rigueur, en ce qui nous est favorable ; mais nous ne laissons pas que d’être obligés à nous en corriger, parce que ce sont de grands défauts de raison et de charité, et des manières de tricheries contre l’équité naturelle ; d’ailleurs on ne perd jamais rien à vivre généreusement, noblement, civilement, et avec un cœur équitable, raisonnable, et comme l’on dit, loyal. Souvenez-vous donc, Pbilothée, de sonder souvent votre cœur, afin de connoître s’il est tel pour le prochain, que vous voudriez que le sien fût pour vous : voilà le point de la vraie et droite raison. Les confidens de Trajan lui ayant dit qu’il n’étoit pas de la majesté impériale, de se laisser si facilement aborder, il leur répondit : Quoi donc, ne dois-je pas être pour mes sujets un Empereur tel que je souhaiterois en trouver un si j’étois un homme particulier !