Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/337

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des autres que je dois avoir, et dont Dieu demande l’effet ; comme d’être bien patient, bien mortifié, obéissant et doux en mes souffrances : mais ordinairement nos désirs ressemblent à ceux des femmes enceintes, qui veulent des cerises fraiches en automne, et des raisins frais au printemps.

Je n’approuve nullement qu’une personne s’amuse à désirer un autre genre de vie que celui qui convient à ses devoirs, ni des exercices incompatibles avec son état ; car ces désirs inutiles dissipent le cœur, ne lui laissent plus de forces pour les exercices nécessaires. Si je désirois la solitude des Chartreux, je perdrois mon temps ; et ce désir tient la place de celui que je dois avoir de me bien appliquer à mes obligations actuelles : je ne voudrois pas même que l’on désirât d’avoir un meilleur esprit ni un meilleur jugement, parce que ces désirs sont frivoles, et tiennent la place de celui que chacun doit avoir pour cultiver le sien tel qu’il est ; ni enfin que l’on désirât les autres moyens de servir Dieu, que l’on n’a pas, au lieu d’employer fidèlement ceux que l’on a entre les mains : or tout cela s’entend des désirs qui amusent le cœur ; car les souhaits simples et passagers ne peuvent nuire beaucoup, pourvu qu’ils ne soient pas fréquens.

A l’égard des croix, ne les désirez qu’à proportion que vous sauriez bien porter celles que vous avez ; c’est un abus de dési-