seulement l’on veut vous perdre, mais que l’on vous tient déjà pour demi-perdue ; et véritablement le marché est à demi fait avec le second marchand, quand on est dégoûté du premier. Lorsque j’ai fait réflexion qu’on donna à la chaste Rebecca de riches pendans d’oreilles de la part d’Isaac, son époux, comme les premiers gages de son amour, j’ai pensé que cet ornement, dont l’usage est de tout temps établi parmi les femmes, étoit plus mystérieux qu’on ne croit, et que n’a cru Pline, qui n’en marque pas d’autre raison, que le plaisir d’un certain bruit qui se fait à leurs oreilles, et qui flatte agréablement leur vanité. Pour moi je crois, selon cette observation de l’Écriture, que c’est pour marquer le premier droit de l’époux sur le cœur de son épouse, qui doit fermer l’oreille à toute autre voix qu’à la sienne ; car enfin, il faut toujours se souvenir que c’est par l’oreille qu’on empoisonne le cœur.
L’amour et la fidélité produisent ensemble une douce et familière confiance, qui se manifeste par des démonstrations tendres et amoureuses, mais chastes et sincères : c’est ainsi que les Saints et les Saintes en ont usé dans leurs mariages : c’est ce que l’Écriture a remarqué dans la conduite d’Isaac et de Rebecca, et par où Abimelech reconnut ce qu’ils étoient l’un à l’autre : c’est ce qui fit presque blâmer le grand