Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/361

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

charité, les deux ornemens de leurs actions ; l’honnêteté et la douceur, les deux ornemens de leurs discours : la modestie et la pudeur, les deux ornemens de leurs yeux ; et pour le principe de tout cela, Jésus-Christ crucifié doit être l’unique amour de leur cœur. En un mot, la veuve doit être entre les femmes et les filles, ce qu’est la violette entre les fleurs. Cette fleur a une douce odeur, elle se cache sous de larges feuilles ; la couleur n’en est point éclatante, et elle ne vient guère bien que dans des lieux frais et écartés : symbole de la douce dévotion, de l’humilité et de l’abjection, de la mortification et de la chasteté solitaire et tranquille d’une vraie veuve, qui sera heureuse, comme dit saint Paul, si elle persévère dans son état.

J’avois beaucoup d’autres choses à lui dire ; mais je lui aurai tout dit, en lui conseillant de lire attentivement les belles Lettres de saint Jérôme à Furia, à Salvia, et aux autres Dames qui eurent le bonheur d’être ses filles spirituelles ; car je ne puis rien ajouter, sinon cet avertissement : que jamais elle ne doit blâmer celles qui passent à de secondes noces, et même aux troisièmes et aux quatrièmes. Dieu en dispose ainsi en de certains cas pour sa plus grande gloire ; et il faut toujours avoir devant les yeux cette doctrine des Anciens : que ni la viduite, ni la virginité n’ont point de rang au Ciel, que celui que l’humilité leur donne.