Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/375

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ou quelque délectation ? et la Sainte lui ayant répondu, tristesse et amertume ; le Seigneur lui dit : qui répandoit cette amertume et cette tristesse en ton cœur, sinon moi, qui demeurois caché au fond de ton âme ? Sache, ma fille, que si je n’y eusse pas été présent, ces dispositions qui assiégeoient ta volonté, sans pouvoir la vaincre, y eussent été reçues avec plaisir, et d’un plein consentement de ton franc arbitre, et eussent causé la mort à ton âme ; mais parce que j’y étois présent, je te donnois cette ferme résistance, avec laquelle tu refusois ton cœur à la tentation. Et comme il ne pouvoit pas résister autant qu’il le vouloit, il en ressentoit un plus grand déplaisir et une plus forte haine de la tentation et de soi-même : ainsi ces peines ont été un grand accroissement de vertu et de force pour toi, et un grand fonds de mérites.

Voyez-vous, Philothée, comme ce feu étoit couvert de cendres, et que la tentation avec la délectation étoit entrée en ce cœur, et avoit obsédé la volonté, qui seule soutenue de la grâce du Sauveur, résistoit par des amertumes, des déplaisirs et des détestations de tout péché, auquel elle refusoit perpétuellement son consentement, O Dieu ! quelle désolation à une âme qui aime Dieu, de ne savoir seulement pas s’il est en elle ou non, et si l’amour divin pour lequel elle combat, est entièrement éteint