Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/39

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L’on dit que si on jette dans le miel quelques pierreries que ce soit, elles y prennent toutes plus d’éclat qu’elles n’en ont, sans qu’aucune y perde rien de sa couleur naturelle : c’est ainsi que la piété étant bien établie dans les familles, tout en devient meilleur, et plus agréable ; l’économie en est plus paisible, l’amour conjugal plus sincère, le service du Prince plus fidèle, et l’application aux affaires plus douce et plus efficace.

C’est une erreur, et même une hérésie, que de vouloir bannir la vie dévote de la Cour des Princes et des armées, de la boutique des artisans et de la maison des personnes mariées. Il est bien vrai, Philothée, que la dévotion purement contemplative, monastique ou religieuse, ne peut subsister dans ces états ; mais il est des dévotions d’un autre caractère, et très-propres à prefectionner ceux qui y vivent. Abraham, Isaac et Jacob, David, Job, Tobie, Sara ; Rebecca, Judith, nous en sont d’illustres exemples dans l’ancien Testament : et depuis ce temps-là, saint Joseph, Lydia et saint Crépin, ne se sont-ils pas sanctifiés dans leurs boutiques ; sainte Anne, sainte Marthe, sainte Monique, Aquila et Prisca dans leurs ménages ; le Centenier Cornélius, s. Sébastien et s. Maurice dans les armées ; le grand Constantin, sainte Hélène, s. Louis, s. Amé et s. Edouard sur le trône ? il est même arrivé que plusieurs