Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/397

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d’un air doux et serein, ou des vents et des orages, qui font que presque jamais les jours ne se ressemblent parfaitement. Admirable variété qui donne une grande beauté à tout cet Univers ! Il en est de même de l’homme, que les anciens ont appelé un abrégé du monde. Jamais il n’est en un même état : et sa vie s’écoule sur la terre, comme les eaux d’un fleuve, dans une perpétuelle variété de mouvemens qui l’élèvent par de grandes espérances, et puis qui l’abaissent par la crainte, et qui le poussent tantôt à droite par la consolation, et tantôt à gauche par l’affliction ; de sorte que jamais une seule de ses journées, ni même une de ses heures, n’est entièrement semblable à l’autre.

C’est donc à nous de conserver, parmi une si grande inégalité d’évènement et d’accidens, une continuelle et inaltérable égalité de cœur ; et de quelque manière que les choses tournent et varient autour de nous, demeurons immobiles et toujours constamment fixés à ce point unique de notre bonheur, qui est de ne regarder que Dieu, d’aller à lui, et de ne rien prendre que lui-même. Que le navire prenne telle route que l’on voudra, qu’il cingle à l’Orient ou à l’Occident, au Midi ou au Septentrion, avec quelque vent que ce soit ; jamais l’aiguille marine qui doit régler sa route ne regardera que l’étoile du Pôle.

Que tout se renverse autour de nous et