Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/412

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fonde soumission : le Seigneur m’avoit donné des consolations, le Seigneur me les a ôtées ; son saint nom soit béni. Et si nous persévérons en cette humble disposition, il nous rendra ses grâces délicieuses ; c’est ce qu’il fit à Job, qui parla toujours ainsi en toutes ses désolations.

5. Enfin, ne perdons point courage, Philothée, en ce fâcheux état ; mais, attendant avec patience le retour des consolations, suivons notre chemin, n’omettons aucun exercice de dévotion, multiplions même nos bonnes œuvres, offrons à notre divin Époux notre cœur, tout sec qu’il est ; il lui sera aussi agréable, que s’il se sentoit fondre en suavités, pourvu qu’il soit sincèrement déterminé à aimer Dieu.

L’on dit que quand le printemps est beau, les abeilles travaillent beaucoup plus à faire du miel, et se multiplient moins ; et que quand il est rude et nébuleux, elles se multiplient davantage, et font moins de miel. Il arrive ainsi et souvent, Philorhée, que l’âme se voyant à ce beau printemps des consolations célestes, elle s’amuse si fort à les goûter, que dans l’abondance de ces délices spirituelles, elle fait beaucoup moins de bonnes œuvres ; et au contraire, lorsqu’elle se voit privée des dispositions si douces de la dévotion sensible, elle multiplie ses œuvres et s’enrichit de plus en plus des vraies vertus, qui sont la patience, l’humilité, l’abjection