Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/437

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Votre âme à de plus une volonté capable d’aimer Dieu, et incapable de le haïr en lui-même. Sentez bien la noblesse de votre cœur, qui, ne trouvant rien parmi les créatures d’assez bon pour le satisfaire pleinement, ne peut trouver son repos qu’en Dieu seul. Rappelez hardiment les amusemens les plus chers et les plus violens qui ont autrefois occupé ce cœur ; et jugez de sang-froid, s’ils n’étoient pas si mêlés d’inquiétude, de chagrin, d’ennui et d’amertume, que votre pauvre cœur n’y trouvoit que de la misère.

Hélas ! notre cœur se porte avec beaucoup d’empressement aux biens créés, persuadé qu’il est d’y trouver de quoi satisfaire ses désirs. Mais aussitôt qu’il les a goûtés, il en voit l’impossibilité. C’est que Dieu ne veut pas qu’il trouve son repos en aucun lieu, non plus que la colombe sortie de l’arche de Noé, afin qu’il retourné à son Dieu, de qui il s’est éloigné. Ah que l’excellence de notre cœur est grande ! Et pourquoi donc le retiendrons-nous contre son gré dans l’esclavage des créatures ?

O mon âme, devez-vous dire, vous pouvez parfaitement connoitre et aimer Dieu ! pourquoi donc vous amuser à ce qui est infiniment au-dessous ? Vous pouvez prétendre à l’éternité : pourquoi donc vous fixer à des momens passagers ? Ce fut l’un des regrets de l’enfant prodigue : n’ayant pu vivre délicieusement à la table de son