Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/46

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ce qu’il y a de plus sublime dans la dévotion. O Philothée, que la rechute est à craindre, pour avoir voulu se tirer trop tôt des mains du Médecin ! elles devroient bien considérer les Anges de l’échelle de Jacob, qui ayant des ailes, y montoient cependant par ordre, d’échelon en échelon, Ah ! dit le Prophète royal, il vous est bien inutile de vous lever avant que le jour soit venu. L’âme qui remonte du péché à la dévotion, est comparée à l’aube du jour ; laquelle en s’élevant, ne dissipe pas les ténèbres en un instant, mais peu à peu, et d’une manière imperceptible.

Jamais personne n’a mieux pratiqué ce conseil de bien purifier le cœur que ce saint pénitent, qui ayant été déjà lavé de son iniquité, demanda néanmoins durant toute sa vie d’en être toujours lavé de plus en plus ; ainsi cet exercice ne devant et ne pouvant finir qu’avec notre vie, ne nous troublons point à la vue de nos imperfections. Notre perfection consiste à les combattre, et d’ailleurs nous ne saurions ni les combattre ni les vaincre, sans les sentir et, sans les connoître ; la victoire même que nous en espérons ne consiste pas à ne les point sentir, mais à n’y point consentir.

Au reste, ce n’est pas y consentir que d’en ressentir les impressions ; il faut bien dans ce combat spirituel que, pour l’exercice de notre humilité, nous nous attendions à en recevoir quelques fâcheuses