Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

votre égard la fin du monde sera venue : non, il n’y aura plus de monde pour vous, et vous le verrez périr à vos yeux : car alors, plaisirs, vanités, richesses, honneurs, vaines amitiés, tout cela ne vous paroîtra que comme un fantôme qui se dérobera à votre vue. Ah ! direz-vous, pour quelles bagatelles, et pour quelles chimères ai-je offensé mon Dieu, c’est-à-dire, perdu tout pour rien ? Au contraire, dévotion, pénitence, bonnes œuvres, tout cela vous paroîtra grand, doux et aimable, et vous direz : Eh ! pourquoi n’ai-je pas marché par cette heureuse voie ? Alors vos péchés que vous ne regardiez que comme des atômes, vous paroîtront comme des montagnes ; et tout ce que vous pensiez avoir de grand en dévotion, vous paroîtra réduit à bien peu de chose.

3. Méditez ce grand et languissant adieu, que votre âme dira à ce monde, aux richesses et aux vanités, à vos amis, à vos parens, à vos enfans, à un mari, à une femme, à son corps même, qu’elle abandonnera desséché, hideux à voir, et tout corrompu par l’altération des humeurs.

4. Représentez-vous bien l’empressement que l’on aura à enlever ce misérable corps pour le jeter dans la terre ; et considérez qu’après cette lugubre cérémonie, l’on ne pensera plus guère à vous, ou même point du tout, comme vous n’avez plus pensé aux autres. Dieu lui fasse mi-