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du Pais de Liége.

à l’opreſſion du Peuple.[1] Si l’on ajoute à toutes ces circonſtances, que leurs ſujets ne voïoient preſque jamais ces Princes, que lorſqu’ils alloient propoſer des dons gratuits ou de nouveaux impôts, on ne ſera point étonné des fréquentes émotions excitées pendant leurs Regnes, mais on le ſera peut-être, de ce qu’elles n’ont pas été pouſſées plus loin.

On n’en vit point ſous Erard de la Marck, ſous Corneil de Berghes, ſous George d’'Autriche, ſous Robert de Berghes, ſous Gerard de Groesbeck, ni ſous Erneſt de Baviére. Le Regne de ces ſix Princes dura néanmoins cent ſept ans : par quelle raiſon la paix regna-t’elle, pendant tout ce tems avec eux, pourquoi ſut-elle toûjours aſſiſe ſur leur Trône, & pourquoi ne la vit-on jamais, ou preſque jamais, ſur celui de Ferdinand & de Maximilien Henri de Baviére ? Elle est ſenſible cette raiſon, elle est palpable. La maniére de gouverner des premiers étoit diférente de celle des ſeconds, elle lui étoit diamétralement opoſée. Erard de la Marck, & ſes cinq Succeſſeurs immédiats agiſſoient, & commandoient en Peres ; Ferdinand & Maximilien de Baviére, agiſſoient & commandoient en Maîtres.

Ce n’eſt donc point au génie du Peuple de Liége, que l’on doit imputer les émotions, les troubles, & les guerres, qui ont déſolé cette Ville ſous le regne de ces deux Princes, c’eſt au Gouvernement.

Si cette vérité avoit beſoin d’une nouvelle preuve,

    Il institua, dit l’Auteur cité, héritier des tréſors qu’il avoit amaſſés, le S. Prince Joseph Clement, frere de l’Électeur de Baviére, qui ne joüit point de cet hérédité, dont le Cardinal ſe ſaiſìt. (c’eſt le Cardinal de Furſtemberg qu’il s’étoit fait élire Coadjuteur à Cologne.)

  1. Le Lecteur ne ſera pas fâché de voir ce que le P. Boüille dit à ce ſujet. « Cependant les maux des habitans du Pais auſſi bien que des Bourgeois de Liége augmentoient toûjours… les uns & les autres diſoient que les dépenſes de la Citadelle & de ſa garniſon, les reduiſoient à l’extrémité. Auſſi ne parloient-ils de la Citadelle qu’avec une extrême douleur, & pour la témoigner plus vivement, ils lui donnèrent le nom odieux de haCeLDaMa, qui par ſes lettres marquoient justement cette année là.

    Pour ſavoir si l’alluſion étoit juste, & ſi les Liégeois marquoient efectivement par la leur vive douleur, il faut conſulter les verſets 6. 7. & 8. du Chapitre 27. de St. Mathieu, & le 19. du chapitre 1. des actes des Apôtres. Pour ce qui eſt des lettres numerales, elles marquent l’année 1650. qui est celle de la conſtruction de la Citadelle.