Page:De Saumery - Les délices du Pais de Liége, Tome I, 1738.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
5
du Pais de Liége.

Céſar ne s’endormit pas ſur les Lauriers qu’il venoit de cuëillir avec tant de gloire ; & l’honneur flateur de cette victoire, ne l’empêcha pas d’en tirer de grands avantages.

Les ôtages des Eburons faiſoient partie des dépouilles des Aduaticiens. Le vainqueur les trouva dans les Fers, & leur aiant donné la liberté, il les renvoïa dans leur canton, qu’il déchargea du Tribut, dont ils étoient les cautions.

Cette double générosité produisit l’éfet qu’il s’étoit promis. Les Eburons acceptérent l’aliance du Peuple Romain. Céſar mit dans leur canton une partie de ſes Troupes, pour y paſſer le quartier d’hyver. Les deux Nations furent dès lors étroitement unies,[1] & les nœuds de cette union furent ſerrés par un nouveau bienfait de Céſar.

Une quantité prodigieuſe des Peuples de la Haute Germanie paſſa le Rhin, & ravagea tout le Païs qui est en deça de ce fleuve, juſqu’aux quartiers des Eburons & des Condruſiens.

Le Général Romain, qui avoit toûjours ſon objet préſent, atendit pour ſe déclarer, que ſes aliés fuſſent ménacés du mauvais traitement que leurs voisins venoient d’eſſuïer. Il agit alors avec la célérité & la bravoure, qui lui étoient naturelles. Il fondit ſur les Germaniens, les défit, força le petit nombre qui échapa au glaive, à repaſſer le Rhin, & ſe rendit par ce moïen, maître des cœurs de tous les Peuples qui habitoient le Continent, qui est entre ce fleuve & le Païs de Liége, c’est-à-dire, de toute la Baſſe Allemagne, qu’il mit comme ce Païs ſous la protection, & dans l’aliance du Peuple Romain.

La reconnoiſſance que ces nouveaux Aliés avoient pour leur bienfaiteur, ne les empêcha point d’ouvrir les yeux ſur leur état préſent, & de faire des réflexions ſur l’avenir.

La cohabitation des Romains leur devint ſuſpecte. Ils s’imaginérent que le vengeur de la liberté publique,

  1. Primâ luce ſic ex caſtris proſiciſcuntur (Romani) ut quibus eſſet perſuaſum non ab hoſte, ſed ab homine amiciſſimo Ambiorige conſilium datum :