Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/107

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Que lors qu’il faut camper, le soldat qui s’en sert,
En fait comme une hutte, et s’y met à couvert,
Arrivent des premiers, où l’honneur les apelle ;
Leur front est couronné, d’une algue verte et belle ;
Et la ligne à la main, et la tortuë au bras,
On les voit à la fois, et pescheurs, et soldats.
Dix mille, pour le moins, forment cette brigade,
Qui souloit aux poissons dresser une embusquade ;
Et qui vient maintenant, par un desir plus beau,
Combattre sur la terre, ayant vaincu sur l’eau.
C’est Haldan qui les meine, homme de grand courage,
Qui souvent sans paslir, s’est veu parmy l’orage :
Et qui dans sa nacelle, ennemy du repos,
S’est moqué mille fois, de la fureur des flots.
Ceux qui boivent les eaux de la Polme escumante,
Veulent avoir leur part, à l’affaire importante :
Et du fer que leur terre a produit dans son sein,
Ils s’arment à la fois, et la teste, et la main.
Ils sont en pareil nombre, et leur troupe aguerrie,
Observe bien ses rangs, et marche avec furie :
Theodat les conduit, Theodat, qui vaillant,
Sçait joindre la prudence, au courage boüillant.
Ceux qui dans les rochers de l’aspre Livonie,
Receurent en naissant, la lumiere et la vie,
Chasseurs déterminez, qu’ils furent autrefois,
Ont les mesmes espieux, qu’ils portoient dans les bois.
Leur nombre est innombrable, et leur valeur extrême :
Le travail les deslasse, et cette troupe l’aime :