Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/153

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Goustez, sages amants, dans vos flâmes discretes,
Parmy des maux qu’on voit, cent voluptez secretes :
Contentez vos desirs, et croyez en ce jour,
Qu’il n’est aucun vray bien que celuy de l’amour.
Alaric entendant ces paroles charmantes,
Aprouve les amants ; estime les amantes ;
Et ce prince amoureux, pour ne les troubler pas,
Tourne vers un palais, et ses yeux, et ses pas.
D’un fort grand pavillon, la superbe façade,
Arreste ses regards, comme sa promenade :
Il s’arrondit en dome, et le bronze doré,
Couvre les ornemens dont il est decoré.
Il est ouvert par tout, et ses larges arcades,
De cuivre de Corinthe ont quatre balustrades :
Ses colomnes encor, sont du mesme metal,
Et l’on en voit la voûte à travers du cristal.
Sous ce dome esclattant, sont des portes d’ebene,
Où l’on voit l’art des Grecs, et la grandeur romaine :
Car mille bas-reliefs, s’y presentent aux yeux,
Mais si sçavamment faits, qu’on ne peut faire mieux.
Le mur, des deux costez, est d’un marbre de pare,
Luisant, sans tache aucune, et blanc autant que rare :
Et d’un jaspe incarnat, trois cordons eslevez,
Paroissent sur ce mur artistement gravez.
Droit au centre eslevé d’un si noble edifice,
Et pour clef de la voûte, est une agathe onice :
Où l’art industrieux, usant bien des couleurs,
A fait un beau feüillage, et pratiqué des fleurs.