Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/236

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Et sans donner creance à ceux qui la blasmoient,
J’oprimé justement tous ceux qui l’oprimoient.
Ainsi faisant progrès aux nobles exercices,
Il me fit distinguer les vertus et les vices :
L’avare et le prodigue ; et ce grand demy-dieu,
M’aprist que ces vertus sont tousjours au milieu.
Ma main donnoit beaucoup, mais c’estoit avec ordre :
La dent de l’envieux n’y trouvoit point à mordre :
Les meschans, les flatteurs, ne butinoient plus rien :
Et j’estois liberal, mais pour les gents de bien.
Oüy, me laissant conduire à cét homme si rare,
De la sueur du peuple il me fit estre avare :
Moderant les tributs d’un ordre limité,
Et ne les augmentant que par necessité.
Ainsi dans peu de temps par sa haute prudence,
Aux douceurs de la paix succeda l’abondance :
Je remplis tout l’estat de bien et de grandeur,
Et je couvris mon roy de gloire et de splendeur.
Les conseils importans furent impenetrables :
Les succés glorieux ; les traitez honnorables :
L’intelligence adroite ; et dans tous les estats,
Je fis porter au prince, ou ses yeux, ou son bras.
Apres, ce grand esprit, à la fin de la guerre,
Esleva ma raison au-dessus de la terre :
M’aprit tous les beaux-arts ; et ne me celant rien,
Je fus d’un vol hardy jusqu’au souverain bien.
Mais triomphant des sens par cette connoissance,