Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Puis que sans esperer de tréve ny de paix,
Eux qui dormoient tousjours ne reposent jamais.
Ces esprits violens, et tousjours en colere,
A qui tout desplaisoit ; à qui rien ne sceut plaire ;
Sont tousjours contredits avec derision,
Dans ce lieu de desordre, et de confusion.
Au milieu de la flâme, et parmy la fumée,
D’un eternel despit leur bile est allumée :
On les pousse ; on les choque ; on les presse ; on les bat ;
Ils hurlent en fureur alors qu’on les abat ;
Et sans aucun relasche, et sans aucunes pauses,
Eux qui n’enduroient rien endurent toutes choses.
Ces lasches envieux de la gloire d’autruy,
En changeant de sejour, n’ont point changé d’ennuy :
Car les demons subtils augmentant leurs suplices,
Eux qui tombez du ciel en sçavent les delices,
Leur en font un tableau, bien peint, bien entendu,
Qui leur fait concevoir le bien qu’ils ont perdu :
Et leur font voir encor par leur malice noire,
Leurs propres ennemis dans le sein de la gloire :
Afin que comparant les peines aux plaisirs,
L’envieux se devore avec de vains desirs.
Ceux de qui l’ame basse, au larcin adonnée,
A cette lascheté se vit abandonnée,
Sont reconnus pour tels en ce lieu de douleurs,
Et dans l’infame rang des infames voleurs.
Devant tous les damnez on les met à la gesne ;
Chacun voit leur peché comme l’on voit leur peine ;