Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/305

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Mais le grand Alaric, qu’on ne peut prevenir,
Destache Theodat qui la va soustenir.
Il restablit la chose au gré de son envie,
Et le vainqueur vaincu, perd à son tour la vie :
Et tombant sous les pieds, plein d’orgueil et d’ennuy,
Alonse triomphant voit triompher de luy.
Sanche, voisin de l’Ebre, et le noir Garlicasse,
Sans craindre un sort pareil vont occuper sa place :
Et le fier Radagaise, et le chasseur Wermond,
Font en ce mesme instant ce que les autres font.
A ceux-cy l’on oppose, et Gusman, et Rodrigue :
Mais pour un tel torrent, c’est une foible digue :
Car Haldan et Sigar viennent fondre sur eux,
Tous deux jeunes, hardis, adroits, et genereux.
A ces Goths vient en teste, et Gonsalve, et Fadrique :
L’un redoutable archer, l’autre armé d’une pique :
A ceux-cy Jameric, Diego le Lusitain,
Et sa belle amazone au courage hautain.
Ordogno vient apres, mais Hildegrand l’arreste :
Nugno contre Hildegrand fond comme une tempeste :
Et la confusément frapent de toutes parts,
Pierres, piques, espieux, masses, flêches, et dards,
Lances et javelots, sabres et marteaux d’armes,
Dangereux instrumens des guerrieres alarmes :
Mais au milieu de tout paroist le grand heros,
La terreur de l’Espagne, et la force des Goths.
Comme on voit un rocher dans le milieu des ondes,
Quand les vents ont quitté leurs cavernes profondes,
S’affermir sur