Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/311

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Et luy seul leur fait teste ; et par un grand effort,
Les chasse ; les repousse ; et les suit dans leur bord.
Que si nous regardons sa valeur signalée,
Dans cette memorable et sanglante meslée
Où ce brave guerrier a terminé ses jours,
Ne la verrons nous pas ce qu’on la vit tousjours ?
Le sort, je le confesse, empescha sa victoire,
Mais cét injuste sort n’empescha pas sa gloire :
Il en mourut couvert, en mourant pour son roy ;
Son bras mesme en tombant, imprima de l’effroy ;
Et tout le monde advouë, en despit de l’envie,
Qu’une si belle mort fut digne de sa vie ;
Qu’il n’est point de triomphe esgal à son tombeau ;
Et qu’il n’eust pû finir par un destin plus beau.
Invincibles guerriers, imitez ce grand homme :
Ce qu’il fit à Cadis, faites le devant Rome :
Suivez ce grand exemple ; et d’un courage franc,
Prodiguez comme luy vostre genereux sang.
Et toy qui vas au ciel, et qui nous abandonnes,
Au sortir des combats va prendre des couronnes,
Belle ame, et recevoir dans l’immortalité,
Un laurier si superbe, et si bien merité.
Va couronner ton front d’une gloire eternelle :
Va prendre en ce lieu saint une palme si belle :
Va posseder un bien qui ne sçauroit finir,
Non plus que ton renom dans nostre souvenir.
A ces mots il acheve ; et l’evesque d’Upsale,
Fait descendre le corps sous la tombe fatale :