Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/345

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Le bruit de vos vertus, et de vostre dessein,
Attire icy mes pas, et porte icy ma main.
Oüy, seigneur, le beau bruit de vostre renommée,
De ces lieux reculez m’ameine à vostre armée :
Avec l’intention de suivre en toutes parts,
Si vous le permettez, vos fameux estendarts.
Invincible empereur que l’univers respecte,
Qu’Amalasonthe icy ne vous soit pas suspecte :
Car l’injuste Alaric, son tyran non son roy,
A merité sa haine en luy manquant de foy.
Tout autre sentiment mon esprit le rejette :
Je suis son ennemie, et non pas sa sujette :
Et si tous vos guerriers font ce que je feray,
Vous en triompherez, et je m’en vengeray.
Oüy (respond l’empereur à cette beauté fiere)
Nous en triompherons redoutable guerriere :
J’en accepte l’augure, et par nos grands exploits,
Et par vos grands attraits, nous le vaincrons deux fois.
Alors par l’empereur cette belle est conduite,
Jusques dans son palais avec toute sa suite :
Où l’amoureux Eutrope est comblé de plaisir,
Luy voyant honnorer l’objet de son desir.
Il luy rend mille soins ; mille et mille services ;
Il trouve en mesme lieu sa peine et ses delices ;
Et quoy qu’il sente bien qu’il perd sa liberté,
Il ne peut esloigner son aymable fierté.
Comme cét animal qui meurt dans la lumiere,
Vole et plane à l’entour de la clarté meurtriere ;