Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/352

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Fait sentir aux plus fiers son insigne valeur ;
Et signale en ce jour sa gloire et leur malheur.
Mais Valere et Tiburse au milieu de l’orage,
(Ces rivaux en amour aussi bien qu’en courage)
Apres un si grand choq ne perdant point le cœur,
Arrestent les vaincus ainsi que le vainqueur ;
Et redonnant quelque ordre aux troupes dispersées,
Reviennent à la charge à cohortes pressées.
Le Goth sans s’esbranler fait ferme à leur abord :
Et l’immortel heros, et plus fier, et plus fort,
Joignant à sa valeur une rare conduite,
De nouveau les renverse, et les remet en fuite.
Il les pousse, il les chasse, il les suit pas à pas :
A cent et cent Romains il donne le trespas :
Et par cette valeur que l’univers renomme,
Il les meine battant jusqu’aux portes de Rome.
Tibre, fleuve fameux, combien vit-on alors
De casques, de boucliers, de tes humides bords
Tomber et puis rouler parmy tes fieres ondes,
Comblant de pasles corps tes cavernes profondes ?
Les ramparts sont bordez de braves combatans :
L’on y voit sur les tours mille drapeaux flotans :
Partout on voit marcher les cohortes vaillantes ;
Partout on voit l’esclat de leurs armes brillantes ;
Et la trompette alors excitant les soldats,
Partout sonne la charge, et parle de combats.
Cependant tout le camp qui respire la guerre,
Arrive devant Rome, et fait trembler la terre.
Il jette sur