Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/363

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Et Valere et Tiburse, avec mesme vigueur,
Opposent à leurs bras, et leurs bras, et leur cœur.
Les uns veulent entrer, et sortent de la vie :
Les autres en mourant, empeschent leur envie :
Les morts des deux partis, par un heureux hazard,
Sur le rampart destruit, font un nouveau rampart.
Comme on voit quelquesfois les ondes agittées,
Jusqu’au haut des rochers par un grand vent jettées :
Et puis s’en retourner, d’un subit mouvement,
A bonds precipitez, dans leur vaste element.
Ainsi des braves Goths, la troupe genereuse,
Court et monte à la bresche, et haute, et dangereuse :
Y combat quelque temps, front à front, main à main,
Puis se voit repousser, par le soldat romain.
Le heros despité, de voir Canut qui cede,
Fait que sans plus tarder, Sigeric luy succede :
Qui la pique à la main, signalant ses efforts,
Pour frapper les vivants, marche parmy les morts.
Avec plus de fureur, le combat recommence :
Aucun n’escoute plus, ny pitié, ny clemence :
Et l’on voit un ruisseau du sang de ces guerriers,
Mais enfin ces seconds, ont le sort des premiers.
Le vaillant Alaric fait occuper leur place,
Par l’adroit Hildegrand, plein d’une belle audace :
L’or de sa riche armeure, esbloüit les regards,
Et c’est comme l’esclair, des foudres de leurs dards.
Une horrible tempeste alors est entenduë :
Alors la mort se donne, et la mort est renduë :