Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/365

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Alaric qui les voit, fait marcher Theodat ;
Ce chef sage et vaillant, restablit le combat ;
Dispute fort long-temps la victoire incertaine ;
Et se fait voir soldat, comme il est capitaine :
Toutesfois à la fin, quoy qu’il ne manque à rien,
Le destin des premiers, se trouve encor le sien.
Le robuste Wermond, va prendre alors sa place :
Mais ayant mesme cœur, il a mesme disgrace :
Et par l’ordre du roy, Sigar est obligé
D’aller vanger l’affront, de Wermond affligé.
Cependant au milieu de ce peril extrême,
Il a bien-tost besoin qu’on le vange luy mesme :
Car tous les siens pliant, et cedant aux Romains,
Jameric le dernier, s’avance, et vient aux mains.
Il est accompagné de la belle Laponne,
Et du gendre fameux, que sa fille luy donne :
Mais bien que tous les trois se couvrent de lauriers,
Tous les trois à la fin demeurent prisonniers.
Alors le grand heros, dont l’attente est trompée,
Fait briller fierement, sa foudroyante espée :
Court et monte à la bresche, où sa rare valeur,
Force enfin la fortune, à borner son mal-heur.
Il frappe, il blesse, il tuë, il renverse, il accable ;
Rien ne peut resister, à son bras redoutable ;
Il pousse les Romains, malgré tout leur grand cœur,
Et maistre de la bresche, il croit estre vainqueur.
Mais comme il la regarde, il aperçoit derriere,
Un grand retranchement, qui luy sert de barriere :