Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/395

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Vieux chef, dont cent combats ont marqué la valeur,
Et qui dans cent combats n’eut jamais de malheur.
L’amoureux general, en rangeant ses phalanges,
Les excite à la gloire avecques des loüanges ;
Par sa propre fierté tâche à leur en donner ;
Et ne leur parle à tous que de les couronner.
Compagnons, leur dit-il, que l’univers renomme,
Soyons vainqueurs des Goths, et les sauveurs de Rome :
La maistresse du monde a besoin de nos bras ;
Elle nous tend les mains, ne l’abandonnons pas ;
Il s’agit de sauver la reyne de la terre ;
Jamais guerriers n’ont fait une si noble guerre ;
Et mettant sur nos fronts des lauriers tousjours vers,
En triomphant des Goths nous sauvons l’univers.
Nous ne combatons point à forces inesgales :
Car en cedant en nombre aux barbares vandales,
Nous les passons de loin, en adresse, en valeur,
Et le parti des Grecs, est plus fort que le leur.
Marchons mes compagnons, marchons à la victoire :
Rome fait nos combats ; nostre prix est la gloire ;
Et l’on ne peut enfin, animer vos esprits,
Par un plus grand objet, ny par un plus beau prix.
Comme on voit les rochers, aux rives de l’Aegée,
Respondre en mugissant, à la vague enragée ;
Donner de la frayeur aux plus fiers matelots ;
Et mesler un grand bruit, au bruit que font les flots.
Ainsi les fiers soldats, au general respondent :
Mille confuses voix, à sa voix se confondent :
Et faisant