Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/403

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Et tomber à grands flots, par un effort nouveau,
Pesle-mesle eslancez, le feu, la gresle, et l’eau.
Ainsi du nouveau choq, le bruit affreux redouble ;
La terre s’en esmeut, l’air offusqué s’en trouble ;
Et l’on voit en ce lieu l’image du chaos,
Par le sanglant meslange, et des Grecs, et des Goths.
Les soldats aguerris de la belle Phocide,
Font tomber plus d’un Goth sous leur dard homicide :
Ceux de Locres non plus, ne sont pas moins vaillans ;
Ny ceux de la Beoce, encor que moins bouillans.
Justin qui les conduit, au milieu de la presse,
Signale esgalement sa force et son adresse :
Theodat et Haldan, hardis, forts, et prudents,
Arrestent à leur tour les Grecs les plus ardents :
Et le desir de vaincre, et la peur d’estre esclaves,
Sont cause que le sort balance entre ces braves :
Et qu’on ne peut juger, ni qui triomphera ;
Ni pour quel des partis la fortune sera.
Ingel tombe, et tombant, il fait tomber Leonce :
Hasmond d’un coup de dard, fait trebucher Aronce :
Constans abat la teste au robuste Halding,
Le plus fameux guerrier des bords de Nicoping.
Horbrod de cette mort voulant tirer vengeance,
Sur le fier Gracian comme un tygre s’elance ;
Leur combat acharné grand comme hazardeux,
Est horrible, et finit par la mort de tous deux ;
Et des fiers combatans, la rage carnassiere,
Boüillonne avec leur sang meslé dans la poussiere.