Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/441

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Et l’Elbe et le Veser, imitant le Necar,
Quatre fleuves fameux suivront alors son char.
Creusnach opiniastre en portera la peine :
On luy verra dompter sa resistance vaine :
Et j’y voy le soldat, tout chargé de butin,
Punir le vain orgueil de ce peuple mutin.
Je voy Tilly fuyant, perdre sa renommée ;
Traverser le Danube avecques son armée ;
Et le Danube alors vainement traversé,
Voir sur ses bords fameux, son orgueil renversé.
Je voy, je voy du Lech, le dangereux passage,
Estre un foible rampart contre un si grand courage :
J’y voy ce grand heros meriter son bonheur ;
Et Vrangle genereux s’y couvrir tout d’honneur.
Je voy, je voy Tilly tomber au bord du fleuve ;
Y donner de son cœur une derniere preuve ;
Et tenir en mourant son sang bien employé,
Par la gloire du bras qui l’aura foudroyé.
Cent villes pour le moins suivront son avanture :
Et Gustave admirable à la race future,
Meritant presque alors l’encens et les autels,
Couronnera son front de lauriers immortels.
Je voy ce conquerant, malgré la resistance,
Aller boire les eaux du grand lac de Constance :
Porter par tout la mort ; porter par tout l’effroy ;
Et toute la Baviere en recevoir la loy.
Je voy trembler Cologne et Treves qui frissonne :
Les mythres cederont alors à la couronne :
Oüy je voy ce heros