Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/448

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En termes aussi beaux, enchantant les esprits,
Que si dans le lycée elle l’avoit apris.
On l’entendra parler le langage d’Auguste,
Aussi facilement, aussi bien, aussi juste,
Que si le grand Virgile, ou le grand Ciceron,
Avoient repassé l’eau de leur faux Acheron.
On l’entendra parler le langage de France,
Avec tant de justesse ; avec tant d’elegance ;
Avec tant d’ornemens ; que ses plus grands autheurs
Seront ses envieux, ou ses adorateurs.
On l’entendra parler le langage d’Espagne,
Avec la gravité qui tousjours l’accompagne :
Et comme si le Tage, et sa superbe cour,
Avoient receu l’honneur de luy donner le jour.
On l’entendra parler cette langue pollie,
Dont alors usera la fameuse Italie :
Mais avec tant de grace, et de facilité,
Qu’on en verra le Tybre, et l’Arne espouventé.
On l’entendra parler tous ces autres langages,
Dont les peuples du Nord parlent sur leurs rivages :
Et par une eloquence esgale à ses grandeurs,
Estonner et ravir tous leurs ambassadeurs.
Mais des siecles futurs ouvrant les portes closes,
Et pour passer icy des paroles aux choses,
Son merveilleux esprit, que le ciel me fait voir,
Charmera l’univers par son profond sçavoir.
Je ne puis t’exprimer ses hautes connoissances ;
De cét esprit divin les divines puissances ;