Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/455

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le bonheur d’Alaric l’a chassé de nos bords :
Et sa flotte qui fuit est bien loin de nos ports.
Cependant ce vainqueur revient couvert de gloire,
Tout superbe et tout fier d’une telle victoire :
Et le salut de Rome enfin desesperé,
Ne sçauroit plus venir que d’un cœur asseuré.
Portons donc nostre nom aux deux bouts de la terre :
Allons, allons brusler leurs machines de guerre :
Sans elles Alaric ne sçauroit nous forcer :
Et si nous les bruslons, c’est à recommencer.
En traversant le camp des troupes ennemies,
J’ay veu presques partout leurs gardes endormies :
Gardes en petit nombre, et dont le peu de soin,
Fait bien voir que leur prince en est encore loin.
Prenons l’occasion que le ciel nous presente :
Sauvons Rome, seigneurs, à cette heure importante :
Et sans nous amuser en discours superflus,
Profitons des momens qu’on ne retrouve plus.
Faisons une sortie en deux diverses portes,
Esgales en vigueur comme esgalement fortes :
L’une pour occuper tous les Goths à la fois :
L’autre pour embraser ces machines de bois :
Et devant qu’Alaric puisse revoir ses tentes,
Faisons briller partout des flâmes esclatantes ;
Et qu’il ne trouve plus avant qu’il soit un jour,
Que les cendres d’un camp à son pompeux retour.
Sortons, sortons Tiburse, alors respond Valere ;
Et tous deux emportez d’une noble colere ;
Et tous