Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/469

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Cependant Alaric, dont l’esprit est perçant,
Juge que du Romain le danger est pressant :
Et voulant tout d’un coup mettre fin à la guerre,
Forme un nouveau dessein, et fait ouvrir la terre.
De mille pionniers il fait agir les bras :
Son camp voit ces travaux, et ne les comprend pas :
A la porte flamine il fait creuser la voûte,
Qui sous les fondemens la contient presque toute :
Mais voûte qui de chesne à son entablement,
Que vingt poutres debout soustiennent fortement.
Rien ne tombe d’en-haut ; tout demeure à sa place ;
Sur le solide bois que l’ouvrier entre-lasse :
L’on ne voit rien bransler, l’on n’entend rien gemir ;
Et l’immense fardeau ne fait que s’affermir.
Apres, en un instant la cave sous-terraine,
Par les ordres du roy de fascines est pleine :
Et comme tout est prest, cét immortel heros,
Met l’armée en bataille, et luy tient ces propos.
Invincibles guerriers que l’univers renomme,
Nous sommes au grand jour de la prise de Rome :
Le temps est arrivé qui nous doit couronner :
La gloire nous attend, nous n’avons qu’à donner.
Par un moyen facile, à peine imaginable,
Vous allez voir la bresche, et grande, et raisonnable :
Et si je juge bien, en ce moment fatal,
Les Romains affoiblis la deffendront fort mal.
Marchons donc braves Goths, que chacun me seconde :
J’abandonne au soldat les fiers tyrans du monde :