Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/472

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Disputent quelque temps encor leur liberté ;
Et font voir en ce lieu quelle est leur fermeté.
Mais Tiburse à la fin, par la terrible espée,
D’un redoutable coup voit sa trame coupée :
L’autre prest de le suivre alors est reconnu,
Par l’immortel heros qui du Nord est venu.
C’est assez, luy dit-il, combatu pour le Tybre :
Sois amy d’Alaric, heureux, content, et libre.
Le Romain à ces mots se jette aux pieds du roy,
Qui passe outre à l’instant, et le mene avec soy.
Alors les deffenseurs de la fameuse ville,
Voyant contre un heros leur effort inutile,
Recullent en desordre ; et le Goth qui les suit,
Imite en ce grand jour celuy qui le conduit.
Comme au bord d’un estang dont on lasche la bonde,
L’on voit confusément bondir onde sur onde ;
Se suivre l’une l’autre ; et si fort se presser,
Que presques rien ne passe, ou tout cherche à passer.
Ainsi des fiers soldats mille files pressées,
Sur la bresche de Rome estoient embarrassées :
Tous d’une esgale ardeur vers la bresche marchoient ;
Tous y vouloient entrer, et tous s’en empeschoient.
Mais comme de cette eau redouble la furie,
Lors qu’apres cét obstacle elle est dans la prayrie ;
Qu’elle la couvre toute ; et qu’on la voit partout,
Bondir et ravager de l’un à l’autre bout.
De mesme de ces Goths les troupes retenuës,
S’eslargissent apres dans les prochaines ruës ;
S’y