Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/475

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et l’on vid lors perir au champ de Tuberon,
Le cirque d’Alexandre, et celuy de Neron.
De là gagnant tousjours de nouvelles couronnes,
Le Goth infatigable abatit des colomnes :
La Trajane en tomba ; L’Antoninne en perit ;
La rostrate du feu la colere nourrit ;
Et le soldat passant dans les places publiques,
Fit tomber à leur tour les superbes portiques.
Ceux du fameux Auguste, et du sage Antonin,
De ce feu devorant devinrent le butin :
Celuy de la Concorde, et celuy de Neptune,
Adjousterent leur perte à la perte commune :
Et celuy de Mercure, et celuy de Venus,
Par ce fameux malheur devinrent plus connus.
Obelisques pompeux, que l’Egypte vid faire,
L’on vit ramper sur vous cette flâme si claire :
Et pres d’un mausolée, et dans le champ de Mars,
Vostre effroyable cheute occupa les regards.
L’obelisque du cirque eut la mesme fortune :
Et celuy du soleil, et celuy de la lune,
Comme du Vatican, tomberent enflâmez,
Avec le peuple fier qui les avoit aymez.
L’on vous vit tresbucher, colosses effroyables,
Dont les vastes grandeurs paroissent incroyables :
Simulachres de Mars, de Neron, d’Apollon,
De qui l’immense corps rempliroit un vallon :
Vous tombastes alors, masse enorme et superbe,
Et vostre orgueilleux front fut se cacher sous l’herbe :
Pour aprendre aux neveux, qu’il n’est rien de si grand,