Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/122

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Genseric

Oui c'est moi qui m'offense, en remarquant ce doute ;

Quand il arriverait par le pouvoir des cieux, [2035]

Qu'Eudoxe une autrefois se montrât à mes yeux,

Et que par un prodige, aussi grand qu'impossible,

En sortant du sépulcre, elle devint sensible,

Quand elle paraîtrait avec tous ses appats ;

Mon coeur l'honorerait, et ne l'aimerait pas. [2040]

Olimbre

Seigneur l'objet présent, a beaucoup de puissance.

Genseric

Ha tu ne connais pas quelle est ma repentance !

Ha tu ne connais pas quel est le changement,

Qu'aujourd'hui la raison a fait en un moment !

Mon coeur est pour jamais incapable du crime, [2045]

Qui cause un repentir, si grand, si légitime ;

Mais repentir tardif, tu ne me sers de rien !

Mon mal est sans remède, et je le connais bien ;

Il faut que la fureur succède à la manie,

Et qu'éternellement mon âme soit punie ; [2050]

Et que le désespoir, ne m'accorde jamais,

Dans un trouble si grand de trève ni de paix,

Si la mort ne me rend ma liberté première,

Indigne que je suis, de voir plus la lumière.