Page:De Scudery - Eudoxe, tragi-comédie, 1641.djvu/25

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Que l'empereur est mort, qu'Ursace l'est de même ;

Et pour dernier malheur, qu'un roi barbare m'aime ; [400]

Qu'il nous tient en prison en ce bord étranger,

Et réduit mon honneur à l'extrême danger ;

Car à quelque douleur que je sois condamnée,

Je ne puis consentir à ce triste hyménée ;

Et je ne cele point, qu'Ursace avait ma foi, [405]

Et qu'il l'aura toujours au sépulcre avec foi.

Ainsi je prévois bien, s'il faut que je m'oppose,

Que celui qui peut tout, osera toute chose ;

Et que pour éviter son insolent effort,

Il faudra me sauver dans les bras de la mort. [410]

Considérez, ma fille, en cet état funeste,

Ce que nous pouvons faire, et quel espoir nous reste :

Vous seule enfin pouvez empêcher mon trépas.

Eudoxe

Hé ! Madame, comment ?

L'impératrice

Ne m'interrompez pas.

La fortune changeante et peut être lassée, [415]

Semble se contenter de ma peine passée ;

Elle nous offre un port, elle nous y semond ;

Elle vous donne enfin le cœur de Trasimond ;

Ce prince généreux, vient de m'ouvrir son âme ;

Il vient de me montrer son respect et sa flamme ; [420]