Esclave mercenaire, à toi flatteur du vice,
C'est à toi que j'en veux, et qu'en veut la justice ;
Et n'était le respect que je porte à mon roi, [1085]
Tu sentirais bien mieux qu'elle n'en veut qu'à toi.
Ha, c'est trop endurer une telle insolence,
Croyez que je saurai vous imposer silence ;
Et qu'un juste courroux vous saura mettre en lieu,
Pour apprendre à parler à votre père, à Dieu. [1090]
Père fier et cruel, et cruelle aventure ;
Sentiments de respect, que donne la nature,
Sentiments de colère, et d'honneur, et d'amour,
Hélas, que dois-je faire en ce funeste jour ?
À qui dois-je de vous, abandonner mon âme ? [1095]
Mais qui puis-je de vous abandonner sans blâme ?
Tous, tous également, occupez mon penser,
Et tous m'êtes des dieux que j'ai peur d'offenser.
Ici nature parle, ici l'amour s'oppose ;
Ici l'une détruit, ce que l'autre propose ; [1100]
Je voudrais obéir, je voudrais me venger ;
Je voudrais... que voudrais-je en un si grand danger ?
Je ne sais que vouloir, je ne sais que résoudre ;
Partout également, j'entends gronder la foudre ;
Tout dessein me fait peur, tout conseil m'est suspect ; [1105]
Et je suis tour à tour, l'amour et le respect.