Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/102

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contre la falaise. On peut dire que c’est le pays où les buffles et les bêtes fauves se trouvent en plus grande abondance. Un bon chasseur y pourrait tuer facilement, dans une journée, plusieurs vaches, plusieurs cerfs, une grosse corne, ou mouton de montagne, un chevreuil à queue rouge ou un autre à queue noire, une gazelle, des lièvres et des lapins ; il pourrait tirer sur un ours gris et rencontrer un renard croisé ou argenté. À cette liste d’animaux ajoutez le castor, la loutre, le blaireau, le chien de prairie, et plusieurs espèces de volatiles, principalement les faisans et les coqs de bruyère. Nos chasseurs, on le conçoit aisément, faisaient leur choix. En effet, on se régala de ce qu’il y avait de plus délicat, et nous laissâmes une grande quantité de viande dans les plaines pour servir de nourriture aux vautours et aux loups, dont les hurlements retentissaient déjà de toutes parts.

Un sauvage assiniboin nous donna une preuve remarquable de sa dextérité, à la chasse ; je ne puis omettre d’en faire mention. Seul et à pied, il s’approcha, sous le vent, d’un grand troupeau de femelles de buffles. Dès qu’il fut assez près d’elles pour leur faire entendre le son de sa voix, il commença à imiter le cri d’un jeune veau. Aussitôt les vaches accoururent vers l’endroit où se cachait le chasseur industrieux, et il en tua une. Le troupeau alarmé se retira en toute hâte et en grand désordre. Le chasseur rechargea sa carabine et renou-