Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/137

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par la main d’un Peau-Rouge qui le présentait au Maître de la vie, implorait sa pitié pour tous ses enfants sur la terre, et le priait de daigner fortifier en eux les bons desseins qu’ils avaient conçus.

Les repas furent nombreux et bien fréquentés. Peut-être à aucune époque des annales indiennes n’y eut-il un plus grand massacre de la race canine. La chair du chien parmi les Peaux-Rouges est de tous les mets le plus honorable et le plus distingué. On comprend donc ce carnage. Je fus invité à plusieurs de ces festins ; un grand chef en particulier voulut me donner une marque spéciale de sa bienveillance et de son respect. Il avait fait remplir sa grande chaudière de petits chiens gras ; on les y avait jetés avec la peau et tout. Il me présenta, dans un plat de bois, le plus gros, bien bouilli. J’en trouvai la chair vraiment délicate ; et je crois pouvoir affirmer qu’elle est préférable à celle du petit cochon, dont elle a un peu le goût.

Les sauvages me régalèrent aussi d’un plat très-estimé parmi eux ; il consiste en prunes séchées au soleil, et préparées ensuite avec des restes de viande en forme de ragoût. J’avoue que je le trouvai assez bon. Mais voici ce qu’on m’apprit plus tard sur la façon dont on le prépare. Lorsqu’une femme sauvage veut conserver des prunes, qui sont très-abondantes dans ce pays, elle en recueille une grande quantité et invite toutes ses voisines à venir passer chez elle une après-dînée. Toute leur occupation consiste alors à jaser et à