Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/167

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un tiers sont catholiques. Cette ville a trois églises catholiques, deux couvents et quatre écoles.

Le 8 décembre, jour de l’Immaculée Conception, après avoir célébré la Messe, on vint nous annoncer l’arrivée du Niagara, bateau à vapeur qui fait le service entre Liverpool et Boston, et, à chaque voyage, s’arrête à Halifax pendant deux heures. Tous les passagers du Humboldt se rendirent à bord, et se mêlèrent aux passagers anglais  ; le nombre total des voyageurs dépassait les quatre cents. Nous rencontrâmes sur le Niagara un petit homme, à barbe de bouc, qui s’appelait Francisque Tapon, du pays des Chez-nous, nouvel apôtre, envoyé pour illuminer l’univers  ! Francisque se déclarait l’ennemi juré de toute religion, mais surtout du Pape et des Jésuites. En quittant Liverpool, il avait dit tout haut, «  qu’il tuerait le premier Jésuite qu’il rencontrerait sur le sol américain.  » Il fut, en effet, pendant plusieurs jours, si violent dans ses gestes et dans son langage que le capitaine, par prudence, lui avait fait déposer une carabine, des pistolets et des poignards dont le drôle était porteur. J’appris ces détails en prenant nos places sur le Niagara. Je conseillai à mes jeunes compagnons d’éviter M. Tapon, et de ne prêter aucune attention à ses dires. Il proclama bientôt le programme de son nouvel évangile, «  qui devait succéder, selon lui, à toutes les religions.  » Ceux qui l’entendaient haussaient les épaules, et se disaient tout bas : «  Cet homme est