Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cas que je trahisse la vérité, je désire que mon fusil se décharge et me tue, que le serpent me morde, que l’ours déchire ma chair et me dévore, que mon Wah-kon m’apporte toujours malheur. » Le cas où un faux serment pourrait sauver la vie au sauvage est le seul où il serait tenté de le faire. Dans les circonstances extraordinaires, qui demandent des promesses formelles, les sauvages prennent le tonnerre à témoin de leur résolution d’accomplir la chose proposée et acceptée.

Tout le vocabulaire de la langue assiniboine et siouse ne contient qu’une seule parole qui puisse être considérée comme outrageante ou comme une espèce imprécation ; ce mot exprime le souhait que la personne ou la chose dont on parle « ait une vilaine apparence, » comme on dirait en français : monstre, et en flamand : leelyke beest. Le nom du Grand Esprit n’est jamais prononcé en vain, mais toujours avec toutes les marques du plus grand respect et de la plus haute vénération. Sous ce rapport, le langage du pauvre Indien est bien plus noble et plus relevé que celui d’un bon nombre d’habitants de nos grandes villes civilisées, qui semblent toujours avoir au bout de la langue des jurons, des imprécations, des blasphèmes, ou qui mêlent à toutes leurs conversations le nom du Seigneur. Un homme pareil inspirerait ici de l’horreur ; il serait un sujet de terreur parmi les sauvages.

Les Sioux ou Dacotahs, dont les Assiniboins