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bisons qui parcourent leurs vastes plaines servent d’aliment quotidien à toutes ces tribus nomades du grand désert.

Les Soshocos sont considérés comme la plus infime des races indiennes de ce vaste continent. Les Américains les appellent les pauvres diables, et les voyageurs français et canadiens les distinguent par la dénomination de dignes de pitié. Ils parcourent les plages désertes et stériles d’Utah, de la Californie, et la partie des montagnes Rocheuses qui s’étend dans l’Orégon. Dans mes missions et mes nombreux voyages, j’ai rencontré plusieurs fois des familles entières de ces pauvres Soshocos  ; ils sont vraiment misérables. J’ai eu le bonheur de baptiser plusieurs de leurs enfants malades ou plutôt qui étaient sur le point de mourir.

Tandis que les sauvages des plaines, qui se nourrissent de la chair des animaux, sont grands, robustes, actifs et généralement bien vêtus avec des peaux d’animaux, le Soshoco, au contraire, qui mange principalement des sauterelles et des fourmis, est un être assez petit, chétif, faible, maigre, à peine habillé  ; il inspire naturellement le dégoût à ceux qui traversent les contrées arides qu’il occupe.

Après vous avoir donné la description de la chasse grandiose aux bisons parmi les Assiniboins, je veux vous montrer le revers de la médaille, en vous faisant connaître la chasse aux sauterelles qui se pratique chez les Soshocos. Elle vaut la peine d’être mentionnée, ne fût-ce qu’à titre de contraste.