Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/243

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parence, déplora le sort malheureux de son oncle ; et tremblant de peur à la vue des casse-tête qui allaient s’abattre sur lui, il pria les vengeurs d’Istagon de suspendre leur jugement et de vouloir l’écouter. — « Parents et amis, dit-il, Istagon est mon oncle ; le même sang coule dans nos veines ; il m’a toujours comblé des marques de son amitié et de sa confiance. Quel mal pourrais-je donc lui avoir fait ? Il n’y a que quelques moments, vous l’avez vu en bonne santé ; le voilà étendu sur son lit de mort, et c’est sur moi que vous venez décharger votre colère ! Quelle faute ai-je commise pour la mériter ? J’ai prédit l’événement ! Ai-je pu m’en empêcher ? Tel était le décret de mon grand Wah-kon ! Approchez-vous et voyez-y de près, car j’ai annoncé en même temps que mon Wah-kon allait quitter ces lieux pour accompagner l’esprit d’Istagon au pays des âmes. Si ma parole s’accomplit et que ma pierre Wah-kon disparaisse, n’est-ce pas un signe évident que la mort d’Istagon est plutôt un effet de la volonté des manitous qu’une perfidie de ma part ? Attendez et soyez-en vous-mêmes les juges. » – Ces quelques paroles eurent l’effet voulu : tous s’assirent autour de cette pierre mystérieuse. Ni calumet, ni plat ne firent le tour dans ce cercle silencieux, mais au fond agité, car les esprits étaient tout bouleversés par le discours que venait de prononcer le perfide Tchatka.

Pendant deux heures que dura cette étrange scène, le feu s’éteignit graduellement et finit par ne